La cause environnementale

Écrit le 27 Septembre 2019
Environnement Désobéissance Civile

France, septembre 2019, les auteurs d’une action de désobéissance civile sont relaxés. Elle a été justifiée par la nécessité de s’atteler aux enjeux climatiques alors que les objectifs visés par l’État français ne seront pas atteints selon les preuves avancées par les accusés. Le décrochage du portrait du président dans les mairies de France a donc été jugé par la cour comme un acte d’expression proportionnelle et nécessaire du citoyen face à l’inaction du président et de son gouvernement !

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Les deux positions antagonistes des environnementalistes

Après avoir regardé de plus près les actions de défense environnementales et écologiques, nous ne pouvons que constater que le moyen d’action privilégié est la désobéissance civile. Alliant ainsi un plébiscite médiatique fort avec des méthodes pacifiques.

Dès lors, on peut observer majoritairement deux types d’acteurs environnementalistes. Il y a ceux qui veulent réformer le système de l’intérieur et passent donc par la politique malgré la présence assez récente et faible des partis écologiques dans les arènes politiques européennes. Ils défendent des valeurs souvent chapeautant tous les secteurs politico-économiques mais ne proposent pas un modèle de société ou un ensemble de réformes concrètes et non négociables à court et moyen terme qui pourrait parler à l’ensemble des citoyens.

Ensuite, il y a ceux qui veulent renverser le système ultra-libéral car ils estiment que le fonctionnement du capitalisme basé sur une production et consommation illimitée est la cause principale des dommages infligés à la Terre. Cependant, les ressources et les capacités d’absorption de la pollution par la Terre sont limitées. Une radicalité qui les mène souvent à être en marge de la société ou à exprimer leurs points de vue de manière plus violente.

Quelle attitude adopter ?

Quel moyen d’action existe-t-il pour un citoyen qui est en désaccord avec le gouvernement en place souvent produit d’une coalition issue des votes de la majorité des citoyens? En dehors des élections existe-t-il une arène délibérative dans laquelle il peut inviter ses concitoyens à discuter de sujets qui lui semble primordiaux ? « Que fait-on si les institutions nous font défauts ? Si elles ne vont pas assez vite ? »

L’Histoire n’est pas là pour rassurer les personnes qui pensent à fomenter une révolution. Car elles sont facteurs d’instabilité et malheureusement probablement récupérées par des branches plus extrêmes qui présentent un modèle de société basé sur la répression. Si bercer dans la violence et la destruction n’est pas en concordance avec les valeurs pacifistes et du respect de l’autre et de la nature, les voix de la contestation grondent de plus en plus dans les chaumières. À l’aune de la grève mondiale pour le climat, et de toutes les manifestations du second quadrimestre de 2019 en Belgique qui n’ont remporté aucune bataille environnementale, que reste-t-il donc comme moyen d’action ? La désobéissance civile systématique comme par exemple celle des Faucheurs Volontaires en France et en Belgique dans le début des années 2000 qui ont de manière continue et acharnée détruit les plantations tests d’OGM pour finalement voir une interdiction de cultiver certaines OGM sur nos territoires. Ils ont également réussi à sensibiliser le grand public sur les risques sanitaires liés à la modification génétique des plantes.

Aujourd’hui, on constate un discours unifié sur l’urgence de s’atteler au réchauffement climatique causé en grande partie par la consommation et la production humaine. La communauté scientifique, via notamment le rapport du GIEC, présente que le dérèglement important du climat mondial entraînerait une réaction en chaîne de déstabilisation du monde naturelle et des sociétés humaines. Les arguments forts sont la mise en péril de la civilisation telle qu’on la connaît aujourd’hui, la peur d’une « fin du monde ». La fenêtre d’action pour non seulement arrêter la pollution de l’air et de la Terre, mais également pour nettoyer les dommages déjà effectués se compterait en années et non plus en dizaine d’années.

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La géopolitique des rapports économico-politique

Les politiques manquent-ils de courage ? Dans un monde globalisé où les élections démocratiques rythment la durée de vie des politiciens au pouvoir, qui sont ceux qui vont interdire la production totale de plastique, la venue de denrées et de produits en cargo, le décollage des avions, la production d’électricité via le nucléaire, le gaz ou le charbon ? Les secteurs touchés par l’émission de gaz à effet de serre ainsi que la production de plastique concernent tout bonnement toute notre économie actuelle, tout l’équilibre des accords économiques et politiques de notre pays avec les autres pays. La demande d’une action ambitieuse n’est pas des moindres. Elle demanderait un effort important d’un point de vue économique et également sur la modification des modes de vie des citoyens. Elle entraînerait également un isolement politique du pays que les Communautés européenne et mondiale ne sont pas prêtes à laisser faire. La série d’anticipation norvégienne Occupied (disponible sur Arte) peut, entre autres, vous donner une idée de la pression que pourrait subir un pays se dotant d’un gouvernement écologique. Pourtant, dans de nombreux pays les voix se lèvent, les manifestations se multiplient. Les citoyens qui manifestent à Bruxelles sont aussi des citoyens qui font entendre leurs voix en Nouvelle-Zélande, en France ou à New York. Si les grèves mondiales pour le climat sont possibles, alors à quoi servent les COP dont la vingt-cinquième aura lieu cet hiver 2019? Pourquoi mettent-ils des chiffres sur un papier ? À quoi sert-il de faire des accords non contraignants ? Pourquoi faire partie d’une organisation politique mondiale si nous ne nous attaquons pas aux problèmes ensemble ?

Bref, les citoyens ont retenu les leçons de l’école et surtout celles de l’Histoire. Ils ne veulent pas faire la révolution. Ils ne veulent pas vivre dans l’instabilité d’un régime politique mis à bas qui induit l’insécurité physique et alimentaire. Les citoyens font donc des marches pour le climat à répétition. Ils font des actions de désobéissances civiles pour dire « nous voulons que vous fassiez votre travail de dirigeant élu démocratiquement et dès lors répondre à nos besoins et d’assurer notre sécurité physique, alimentaire, de confort et de construction d’un futur juste ».

Nous pouvons nous poser la question du constat. Celle de la concordance entre les moyens et les fins. Il est vrai que les résultats semblent décevants. Des jeunes militants pour le climat ont même proclamé « On s’est planté ! ».

En Belgique ont commencé sur le modèle proposé par Greta Thunberg des grèves de jeunes pour le climat. Parallèlement à ces marches, on a vu toute une série d’acteurs de la société civile émerger notamment la Coalition Climat (2007) une plateforme qui regroupe une septantaine d’organisations autour de la « justice climatique ». Les types d’actions privilégiées sont des marches, une lettre ouverte, des conférences, etc… Donc rassembler les citoyens et les acteurs de la société civile pour qu’ils soient unis dans leurs actions et que le poids pesé en nombre d’individus puisse motiver le politique à prendre des décisions en accord avec le principe. Le mémorandum de la Coalition Climat décrit des recommandations à portée nationale (compétences régional et nationale).

Greenpeace est l’organisation la plus connue à l’échelle internationale. Elle allie des actions de désobéissance civile médiatique type « coup de poing et scandale » et du lobby ! Elle existe déjà depuis 1971. Lorsque vous êtes membre vous recevez des newsletters régulières avec des comptes rendus des actions et des appels aux pétitions.

Pour conclure

Le tableau dépeint tout au long de cet article semble aussi noir que le décrivent les «effondristes ». Et pourtant, ceux qui continuent les actions de désobéissance civile ne sont pas nécessairement des « collapsologues » ou des doux rêveurs. Ils savent que les actions fonctionnent. En effet, l’ONG Urgenda, qui représente 886 citoyens, a gagné son procès contre l’État néerlandais afin qu’il mette en place les objectifs nécessaires pour atteindre les accords internationaux de réduction des GES. Le Costa Rica également souhaite être le leader mondial du « zéro carbone dans l’économie » et réussis à faire fonctionner son pays à l’aide d’énergie renouvelable. Alors si on a l’impression que rien ne bouge, il y a des petites batailles qui sont remportées régulièrement grâce à des actions de la société civile (citoyen, ONG, etc.) comme celle des Faucheurs Volontaires. La désobéissance civile demande donc de la patience, de la ténacité ainsi que du temps. Si nous souhaitons réduire la temporalité, il faut donc multiplier les actions et changer les mentalités de notre entourage pour espérer générer un effet papillon.

Pour aller plus loin

  • De manière plus internationale, il y a la plateforme de pétition Avaaz qui existe depuis 2007. Lorsqu’on s’inscrit pour une cause, elle envoie des comptes rendu par email régulièrement.
  • Pour les européens optimistes le site WeMove.EU s’attaque à la justice sociale, le développement durable, etc. Ils envoient également des newsletters intéressantes.
  • Le Collectif Artivist qui fait des actions de désobéissance civile par l’art et l’activisme.
  • Un article de la Libre qui pose la question de la légitimité de la désobéissance civile et de qui et de quelles acteurs existent en Belgique.
  • Un article sur le droit et le climat.

Cet article est écrit dans le cadre de l’Equal Day 2019, qui porte sur le thème « Droit et|ou Désobéissance Civile » et aura lieu le 17 Octobre 2019 à Flagey.

Article écrit par Isabelle B.

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