Zoom sur: Rêve en Bobine, la mode version eco-friendly
Écrit le 24 septembre 2020
Zoom sur Mode ÉcologieRêve en Bobine, c’est le projet d’une couturière rêveuse dans l’âme, et sa contribution au développement durable et au respect de l’environnement. Laetitia Giroud, entrepreneuse puydomoise de 35 ans, a lancé mi 2019 sa propre marque d’articles eco-friendly. Un projet éco-responsable imaginé dans le contexte écologique actuel, aujourd’hui au coeur des préoccupations.
Lingettes démaquillantes lavables, sacs, vêtements… Les créations de Laetitia sont issues de textiles naturels, biologiques, ou recyclés, dans un souci de consommation raisonnée. Pas facile dans un monde où la consommation de masse règne en maître et au sein duquel la surproduction et le profit financier font partie des préoccupations majeures. Produire davantage pour consommer davantage et gaspiller davantage – c’est à ce modèle économique, malheureusement caractéristique de la société du 21ème siècle, que l’on doit trouver des alternatives.
Le modèle largement préconisé dans une perspective de développement durable est celui de l’économie circulaire, dans lequel le recyclage, le raccommodage et le zéro déchet sont mis en avant. L’économie circulaire peut se caractériser par l’utilisation de matières biodégradables, naturelles et non polluantes, face à l’exploitation massive de matières fossiles dans l’industrie textile. C’est le modèle de production choisit par Laetitia.
Recyclage et textiles d’avenir
En offrant une seconde vie à des tissus trouvés en ressourceries, marchés aux puces, ou chez Emmaüs, Laetitia devient un acteur clé de la lutte contre le gaspillage et le réchauffement climatique. Avec un penchant littéraire, une ambition d’écrivaine, elle trouve finalement sa voie dans la couture et de fil en aiguille, tisse son histoire. Son style se définit par les messages laissés derrière chaque création, au caractère fantaisiste et rêveur, mais qui porte toujours l’esprit de l’écologie.
Mais ne dépendre que de tissus récupérés présente également son lot d’inconvénients. “La récup’ c’est un challenge, car ça amène souvent des tissus (motifs, matières, couleurs) que je n’aurais pas cherché sur le moment et je dois parfois chercher quoi créer avec”, nous explique Laetitia, “Si j’ai quelque chose en tête, ça peut être difficile de trouver ce que je veux, alors qu’aller en magasin, c’est une facilité”. Néanmoins, elle sait en tirer le meilleur : “souvent ça m’inspire”.
Par ailleurs, il peut être compliqué d’allier couture éco-responsable et business viable. “Il m’arrive d’acheter du non bio lorsque j’ai une commande particulière”, avoue Laetitia. La jeune puydomoise fait de son mieux pour s’adapter à sa clientèle. C’est ainsi qu’avec la crise du coronavirus, elle s’est lancée dans la confection de masques en tissus, pour répondre à la demande.
L’entrepreneuriat n’est pas chose aisée, mais il en vaut la peine, notamment si la cause est en faveur du développement durable. “[Ce que je conseillerais aux jeunes entrepreneurs], c’est de ne pas rester seuls dans leur coin. (…) Il faut y aller étape par étape, et après, il faut se jeter à l’eau. Lorsque les risques sont mesurés, c’est une très belle expérience que de créer son entreprise”.
“Je vise les personnes désireuses de consommer différemment” - Laetitia Giroud
Le problème, c’est que les gens continuent d’acheter dans les grandes enseignes de textiles, avec des prix défiants toute concurrence, mais dont la production engendrent des effets néfastes à long terme sur l’environnement. Si les créations des artisans couturiers sont écolos, elles sont aussi plus chères. Mais pour Laetitia, il s’agit de créer “des vêtements et des sacs à mains [qui] s’adressent aux jeunes femmes qui ont l’envie d’acquérir un produit unique, en reconnaissant la valeur du travail.”
Les usagers sont de plus en plus sensibles à la provenance des produits, et les habitudes sociales évoluent : “Je le vois autour de moi”, confie Laetitia, “Les gens (…) favorisent les circuits courts, ils (…) fabriquent leurs produits ménagers. Les gens veulent profiter de la vie et moins être dans la performance je trouve”.
Après une vague d’industrialisation, et la montée en flèche du capitalisme, ce sont les éco-gestes et le vert qui sont valorisés. Les mouvements activistes jeunes portent leur voix à travers le monde entier, et “de plus en plus d’associations écolos existent dans les villes pour militer et (…) apprendre à changer ses habitudes, et cela me plaît beaucoup. Si les gouvernements en font rapidement autant à leur échelle, cela devrait nous aider”, avance Laetitia.
Bons plans : les initiatives éco-citoyennes en Auvergne
Localement, plusieurs initiatives éco-citoyennes voient le jour en Auvergne. Par exemple, Youkan est une marque de vêtements 100% à base de matières recyclées et made in France, qui propose une petite gamme de produits à vendre, pour ceux qui veulent prendre part à l’évolution de ce projet.
Des mouvements citoyens prennent de l’ampleur, tels que Alternatiba 63, qui se bat pour le climat et la justice sociale. A l’origine du mouvement Block Friday, ils ont tenté de boycotter le Black Friday à Clermont-Ferrand en Novembre 2019. Depuis plusieurs années, ils essaient également d’implanter une monnaie locale, la “doume”. Il est possible de participer au mouvement en tant que bénévole.
Beaucoup de cafés-citoyens sont également en plein essor. Il s’agit de lieux conviviaux ouverts à tous, où tout le monde débat et apporte ses lumières aux problématiques de société. L’association étudiante culturelle et solidaire LieU’topie est un café citoyen très actif basé à Clermont-Ferrand, qui prône l’économie sociale et solidaire, “c’est à dire les échanges non marchands basés sur le don et le contre-don. Par ailleurs, l’économie solidaire est indissociable des enjeux environnementaux.”
En termes d’actions éco-citoyennes, Lieutopie met en place la distribution de paniers de fruits et légumes bio et de saisons chaque jeudi aux étudiants qui le souhaitent, à partir de 6 euros.
Dans ses locaux, l’association propose également une petite gamme de produits bio à prix réduits à destination des étudiants ainsi que des ateliers “Do It Yourself” pour apprendre à cuisiner, fabriquer ses produits ménagers etc. – des alternatives concrètes à la consommation de masse.
Pour aller plus loin
Facebook : https://www.facebook.com/revenbobine/
Instagram : @reveenbobine
Crédits photos : Mereini Gamblin
D’origine polynésienne, la diversité des cultures et la positive attitude accompagnent tous ses projets. En 2016 elle déménage en France. D’abord étudiante en anglais, sa curiosité et sa mobilité la destinent aux métiers de l’information. Aujourd’hui, elle étudie le journalisme à Vichy. Investigatrice dans l’âme et attentive à tous les sujets, elle s’engage dans divers projets culturels, rédactionnels et journalistiques.
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