Ensemble #3: Le petit guide du composteur bruxellois

Écrit le 8 avril 2020
Ensemble Environnement Écologie

Chaque jour, le Belge moyen produit environ 1 kg de déchets ménagers. De nombreuses personnes visent à réduire leurs déchets, voire à n’en plus produire. En temps de crise et de confinement, la quantité de déchet produit par les ménages augmente d’ailleurs considérablement, alourdissant le travail des personnes en charge du ramassage de ces déchets. Le compostage est une façon de retourner 20% de ces déchets à la nature, et à le traiter plutôt comme ressource que comme déchet. Petit tour des alternatives pour composter ses déchets, que l’on habite en appartement au 5ème étage ou que l’on ait un jardin.

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Que composter ?

Premièrement, revenons sur ce qui est compostable. De façon générale, tout déchet organique est compostable. Cependant, certaines matières mettent plus de temps à se décomposer que d’autres, et certaines matières organiques sont à éviter dans un compost. Quelques exemples: une coquille d’œuf peut mettre très longtemps à disparaître d’un compost, à moins d’être écrasée à l’avance ; un mouchoir en papier se désintègre très vite dans un compost, ainsi qu’un journal, mais on évitera le journal s’il est en couleurs, car il peut contenir des métaux lourds ; et on évite complètement des excréments d’animaux dans le compost dû à la possibilité de parasites transmissibles. Divers sites reprennent une liste des éléments compostables et des éléments à éviter.

Composter en extérieur

La façon la plus simple de composter et d’avoir accès à un jardin, une cour, ou une terrasse. Selon la taille de l’espace, on privilégiera un contact avec la terre soit un tas, un sillo ou un fût. Sur une terrasse où l’espace est plus réduit, on compostera comme si on se situe en intérieur : via une vermicompostière.

Composter en intérieur

Pour les personnes n’ayant pas accès à un endroit extérieur pour leur compost – c’est-à-dire une grande partie de la population urbaine – l’utilisation d’une vermicompostière est à privilégier. Intégrable sur une terrasse, dans un garage ou une cave, cet outil de compostage fonctionne en plusieurs étages, où les déchets alimentaires sont progressivement transformés par des vers en matière de plus en plus fine, jusqu’à arriver au compost et percolat, qui pourront servir pour cultiver vos plantes d’intérieur. Cette technique de compostage est sans odeur. Au niveau de la mise en place, il est possible d’acheter un vermicomposteur pour environ 100€, mais il est aussi tout à fait possible (et probablement préférable) de le concevoir soi-même. Divers tutoriaux existent en ligne sur ce sujet, et cela se fait au travers de matériaux facilement récupérables, tels que des bacs en frigolites que vous trouverez facilement et gratuitement dans une poissonnerie. Le site Lombricomposteur Facile est une mine d’or sur le sujet.

Composter indirectement

Si pour diverses raisons il n’est pas possible de composter chez soi, il est toujours possible d’intégrer ses déchets alimentaires à un autre compost. Cela peut se faire de diverses façons.

À Bruxelles, plusieurs communes ont organisé une collecte de déchets alimentaires, au travers des sacs oranges. Des conteneurs sont d’ailleurs mis gratuitement à disposition afin d’éviter l’utilisation de sacs, polluants et qui risquent de se déchirer. Le site de Bruxelles Propreté liste les façons d’obtenir ces conteneurs. Si cela permet de réduire la part de déchet organiques dans les « sacs blancs », il faut cependant être conscient du traitement de à ces déchets par après : ils sont envoyés via camions dans des centres à une centaine de kilomètres de Bruxelles, où ils sont transformé en gaz via bio-méthanisation. C’est loin de « rendre à la terre ce qui lui appartient », et le coût écologique de transport et non négligeable.

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Que faire alors ? Il est tout à fait possible d’aller déposer fréquemment ses déchets compostables chez une connaissance qui dispose d’un compost. C’est cette pratique que les réseaux de compostages institutionnalisent. C’est le cas par exemple du réseau des Maîtres Composteurs, qui en plus d’organiser des formations de compostage, met à disposition une carte interactive des composts de quartier. Le compost de quartier - ou compost collectif - s’impose comme modèle collectif pour la gestion des déchets organiques. Un point de collecte proche de chez vous, géré par vous-mêmes et les autres utilisateurs du compost, et qui met à disposition de la terre de qualité pour tout un chacun. Ces composts de quartier sont plus que des simples endroits où venir déposer ses déchets, ils deviennent des endroits de vie et de socialisation, ce qui est démontré au travers de concepts tels que l’« Apéro compost ».

L’aide au compostage

Finalement, de nombreuses personnes sont disponibles pour aider à la création d’un compost, que ce soit chez vous ou dans votre quartier. L’ASBL Worms est mandatée par Bruxelles Environnement à cette tâche, et propose des formations courtes de compostage. Les ressources ne manquent pas sur internet. Et Bruxelles Environnement aide au financement de nouveaux projets de compost collectifs, ainsi qu’à leur mise en réseau..

Le compostage, pratique bien connue mais parfois peu pratiquée en ville, est une des façon dont on devrait peut-être s’inspirer pour revoir notre mode de vie : le déchet alimentaire n’est plus considéré comme un déchet, mais devient une ressource qui est intégré à notre vie de tous les jours. Cependant, cela n’est bien évidemment pas suffisant pour régler la question des déchets dans sa globalité. Tous les déchets que nous produisons ne sont pas compostables, et la majorité des déchets sont produits indirectement par notre consommation : si l’on produit 1 kg de déchet par jour directement, on estime plutôt à 10 kg de déchet par jours produits au travers de notre consommation. La question du compostage est donc utile et intéressante, mais il est nécessaire de revoir la manière dont on consomme pour s’attaquer pleinement au problème des déchets.

Article écrit par Quentin Stiévenart

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