En effet, on observe que les emballages plastiques peuvent être très divers et qu’ils ne se valent pas, notamment en termes de nocivité pour la santé publique et pour l’environnement tout au long de leur cycle de vie. L’analyse de cycle de vie d’un produit est un concept qui prône une approche holistique afin de comprendre l’impact environnemental de celui-ci depuis l’extraction des matières premières nécessaires à sa production jusqu’à sa mise au rebut en passant par sa distribution et son utilisation. Cette méthode permet ainsi d’appréhender la nocivité d’un produit à chaque étape de sa vie et dans sa globalité. On observe alors qu’entre deux produits de consommation proches, l’un peut être moins nocif pour l’environnement lors de sa phase d’utilisation alors qu’il sera in fine beaucoup plus dommageable si l’on considère son cycle de vie au complet. Prenons un exemple : faire un plein de biocarburant ou de sans plomb pour sa voiture. Un véhicule roulant au biocarburant émettra moins de gaz à effet de serre que s’il roulait au carburant classique. Le biocarburant apparait alors moins nocif lors de sa phase d’utilisation. Pourtant, le carburant classique est moins dommageable si l’on prend en compte l’énergie et les méthodes nécessaires à sa production. En effet, le biocarburant encourage notamment la monoculture intensive sur des terres traditionnelles réservées à l’alimentation et émet en moyenne 1,8 fois plus de CO2 que le carburant classique. Pour autant, lors de l’achat des biens de consommation courante, il est souvent difficile de prendre une décision éclairée prenant en compte toutes les étapes de la vie d’un produit. En revanche, une décision éclairée sera potentiellement plus facile à prendre s’il s’agit d’un bien de consommation exceptionnelle, notamment du fait de la valeur de l’achat. À noter que pour ce dernier type de bien, d’autres éléments, comme celui du prix, peuvent entrer en ligne de compte et l’emporter sur le critère environnemental. Concernant le plastique, cette méthode d’analyse n’est pas nouvelle puisqu’on en trouve des traces dans la première directive européenne sur les emballages datant de 1994¹.

État des lieux des différents types de plastique

Rien n’est plus ressemblant à un emballage plastique qu’un autre me direz-vous, c’est pour cela que la plupart des plastiques sont numérotés de 1 à 7, chiffre que l’on retrouve au milieu d’un petit triangle de flèches, selon un code établit par l’industrie et repris par l’Union Européenne dans sa nomenclature des emballages. Cette harmonisation de l’information n’est pas obligatoire, mais la plupart des producteurs jouent le jeu et cela nous permet au moment de l’achat de savoir à quel plastique nous avons affaire.

Vers de nouvelles alternatives ?

Alors qu’au XXe siècle, le plastique est apparu comme une innovation majeure dont l’usage se démocratisa massivement après la Seconde Guerre Mondiale, on réalise aujourd’hui qu’il constitue une problématique environnementale et sanitaire majeure. On observe alors le désamour grandissant des consommateurs pour cette matière. En effet, les études démontrant les effets des perturbations endocriniennes générées par l’exposition au plastique se multiplient. De plus, les militants de l’environnement s’emparent du sujet en évoquant régulièrement le 7ème continent en référence à tous ceux qui ont envahi les océans. Enfin, les pouvoirs publics commencent à prendre de timides mesures, telles que l’interdiction de certains plastiques à usage unique décidée par l’Union Européenne et devant être mise en application d’ici 2021³. Parallèlement, les contraintes sur la filière plastique traditionnelle se multiplient : la diminution des réserves de pétrole et l’augmentation du prix du baril tendent les marges des producteurs de plastique.

Ces conditions de marché – augmentation des coûts de production, réticence de la demande, pression réglementaire – rendent nécessaires l’émergence de substituts au plastique. On observe d’ores et déjà l’apparition de nouveaux types d’emballages, par exemple les bioplastiques d’origine végétale issus de résidus de canne à sucre. Néanmoins, on ne sait pas encore à quel point ces emballages tiendront leur promesse en ce qui concerne l’absence de nocivité pour la santé, du fait de l’absence, pour le moment, d’étude complète sur leur cycle de vie⁴. Ces bioplastiques innovants sont très prometteurs sur le plan environnemental. Leur production à base notamment de bagasse (résidus de canne à sucre) sont un premier avantage environnemental par rapport à la matière première nécessaire aux plastiques traditionnels dérivés du pétrole. Non seulement les conditions de forage de celui-ci sont de plus en plus problématiques pour l’environnement (gaz de schistes, sables bitumineux…), mais son transport est dangereux et son raffinage afin d’obtenir du plastique est également très polluant. Les résidus de canne à sucre cultivée et exploitée à d’autres fins et leur transformation en bioplastique constitue déjà la valorisation d’un déchet. En bout de chaîne, ces bioplastiques innovants sont présentés comme compostables ou très rapidement biodégradables. Pourtant, à l’heure actuelle, en Europe, peu de collectivités territoriales ont mis en place une filière de gestion de ces bioplastiques non recyclables. Ils sont donc traités comme le restant des ordures ménagères et bien souvent incinérés ou enfouis avec d’autres déchets polluants, ce qui ne permet d’en tirer les avantages environnementaux. Si les alternatives aux plastiques et à leurs recyclages sont en train de voir le jour, on manque donc aujourd’hui de possibilité de gérer complètement ces nouveaux types de produits et de recul sur l’effectivité de leur biodégradation. Au-delà de ces innovations porteuses d’espoirs, il apparait plus globalement inévitable de s’orienter vers de nouvelles façons de consommer en favorisant notamment l’achat en vrac, l’utilisation de contenants réutilisables, les circuits courts et l’économie locale.

Pour aller plus loin

• Vidéos explicatives sur les différents niveaux de plastiques
• Conférence de presse sur l’interdiction des plastiques à usage unique à l’échelle Européenne
• Les différents plastiques biosourcés
• La nocivité du PET opaque
• Comment limiter sa consommation d’emballage plastique

Voir aussi notre article « Le zéro déchet, zéro consommation ? ».

¹ Texte disponible sur le site internet https://eur-lex.europa.eu. Référence : DIRECTIVE 94/62/CE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 20 décembre 1994 relative aux emballages et aux déchets d’emballages

² Texte disponible sur le site internet https://eur-lex.europa.eu. Référence : 97/129/CE: Décision de la Commission du 28 janvier 1997 établissant le système d’identification des matériaux d’emballage, conformément à la directive 94/62/CE du Parlement européen et du Conseil relative aux emballages et aux déchets d’emballages.

³ Le Parlement interdit les plastiques jetables à compter de 2021 (Communiqué de presse du Parlemeunt Européen)

⁴ Les plastiques biosourcés (fiche technique de l’ADEME)